Cela fait maintenant 2 ans que je cours très régulièrement et oui, il m’arrive quelquefois de me demander combien de temps cela durera encore. Il m’arrive de me demander pourquoi je ne prendrais pas une pause? Et puis finalement, pourquoi je ne cesserais pas tout ça?
C’est drôle, mais quand je pense à ces questions, la première raison qui me vient en tête, ce n’est même pas le bien-être que la course me procure. Ce n’est pas non plus mes objectifs à long terme ou ma santé. Bien sûr, ces raisons font partie de mes motivations mais pour vrai, la première raison qui me vient à l’esprit lorsque je remets tout ça en question (et ça ne dure jamais longtemps en passant), c’est le fait de penser au temps que mon corps a mis à s’adapter.
Quand je pense aux adaptations de mon corps, ce sont des adaptations concrètes que j’ai pu noter au fil des mois. Par exemple, le fait que je peux maintenant courir 20 kilomètres et ne plus être raquée le lendemain, le fait que je suis rendue avec une épaisseur de peau sous les pieds et les orteils (ça c’est une petite fierté et non ce n’est pas de la corne), le fait que la forme du muscle de mes mollets a changé (pour mieux s’adapter aux efforts j’imagine), le fait que mon rythme de course en endurance fondamentale est devenu beaucoup plus rapide, le fait que ce n’est même plus un effort mental de sortir courir, etc. Bref, mon corps s’est transformé sur le plan physique et mental, mais lorsque je pense à ces adaptations, je pense surtout à celles physiques, car ce sont celles que je ne contrôle pas directement et que seuls le temps et la constance peuvent parvenir à modifier.
Donc lorsque je pense à tout lâcher, car oui, ça m’arrive de temps en temps, eh bien, je pense à ma machine qui commence à être vraiment à point pour me suivre dans mes folies.
Ma machine qui s’est sûrement dit, «Bon OK tu as gagné, je vais t’aider dans ta mission».
Ma machine qui s’est sûrement dit, «Wow! Tu ne me donne pas toujours ça facile, je vais tenter de m’adapter à ce que tu me fais subir.»
Ma machine. Mon allié. Mon corps.
Mon corps qui accepte de me suivre dans mes projets fous.
Mon corps qui, quelquefois, m’en veut un peu.
Mon corps avec qui j’ai parfois eu une relation d’amour/haine.
Mon corps que je tente au mieux d’écouter, de féliciter et de récompenser.
Mon corps que je dois respecter.
Et justement, pour tout le respect que je lui dois, pour tout le temps qu’il a mis à se rendre là et pour toutes les fois où il me permet de pratiquer mon sport préféré, je me dois de le remercier en donnant tout ce que je peux mentalement et en utilisant l’énergie dont il me fait cadeau.
Je me dois de poursuivre dans ce sport et de me pousser, de me pousser dans mon potentiel. De lui montrer qu’il a eu raison de me faire confiance et de, lui aussi, tout donner.
Mon corps accepte de me donner les outils chaque jour et je dois lui faire honneur et continuer. C’est pour ça que je ne peux pas arrêter de courir.